La Rénovation
            Il est bien entendu que chaque arme possède, hélas, ses propres problèmes, qui lui sont bien spécifiques, et cela, selon sa nature, son type, son état et surtout (pour nous) son époque. 
 
           Les plus grosses difficultés proviendront de l'avancement de l'oxydation métallique, des chocs et du mauvais entretien général que l'arme aura subis (démontages maladroits entre-autres choses, vis matées ou remplacées parfois par une simple goupille). C'est dire que nous devons parfois inventer, et surtout nous adapter aux exigences du cas présent, mon seul conseil, dans ce cas est de toujours démonter une arme avec douceur. Ne jamais employer des méthodes, efficaces peut-être, mais trop radicales, car nous devons garder le plus d'éléments d'origine, possible. Surtout que le problème sommes toutes est assez simple, le démontage ne consiste qu'en vis, goupilles, tenons et bagues. Donc... Allons-y !
            D'abord s'assurer que l'arme est bien vide. Ne riez pas, je ne saurais compter les fois où j'ai trouvé des armes chargées, et la seule fois où j'ai fais confiance à un ami, j'ai dû réparer un coté de buffet, remplacer toute une pile d'assiettes et subir un sermon carabiné de mon épouse (pour ses assiettes). 
 
           Je ne citerai pas non plus toutes les fois (en exposition) où des personnes bien intentionnées m'ont apporté des armes plus ou moins récentes, avec le chargeur encore plein et parfois même, avec une balle engagée dans le canon. 
 
            Bref, il serait bien trop long à citer le nombre de fois où cela s'est produit. Donc dans tous les cas, et à chaque fois, s'assurer que l'arme est bien vide. Si cela est relativement facile pour une arme se chargeant par la culasse, pour celles se chargeant par la bouche, vous devrez sonder le canon avec une baguette et vérifier la longueur de cette baguette rentrée, par rapport à la longueur du canon, jusqu'à la lumière ou la cheminée. Il vous suffira, en cas d'obstruction, de vous servir des accessoires comme le tire-bourre ou le tire-balle. Mais parfois, l'oxydation est telle que rien n'y fait. Dans ce cas, les deux seules solutions est de déculasser ou de percer de l'objet obstructif. 
 
           Mais si déculasser une arme à chaud (en chauffant avec un chalumeau) est une chose facile, cette méthode est totalement à proscrire dans le cas de la poudre noire, si elle n'est pas mouillée, car elle peut rester active durant quelques dizaines d'années. Donc déculasser à froid (le plus compliqué).
• D'abord protéger l'arme, des mâchoires de l'étau, par du liège, du plomb, voir des chiffons ou des mordaches en bois. Puis avec une forte clef à griffe, tenter de dévisser. Ne pas hésiter, le cas échéant de se fabriquer soi-même une clef "sur mesure". 
 
• La 2ème solution, celle que je préconise (recommande même) est de percer le bouchon obstructif. Pour ce faire, il faut souder (à l'étain) un forêt dont le diamètre est égal à la moitié du calibre de l'arme (diamètre intérieur du canon) sur une forte tige d'acier. En tenant le canon verticalement, (bouche en haut) verser dedans un verre à eau d'huile quelconque. 
 
• Placer sur cette tige, les manchons de centrage (déjà prévus pour le tire-balle), puis à l'aide d'une perceuse à main exclusivement, et très doucement, percer ce foutu bouchon. Une fois percé, l'huile versée initialement, et ayant déjà servi à lubrifier, ira noyer la poudre présente (le cas échéant). De plus, cette huile (lubrifiant) sert de produit anti-échauffant lors du perçage. 
 
            Ainsi l'arme vidée, nous pouvons (sans risques majeurs) procéder au démontage, proprement dit. 
 
           LA VISSERIE : Avant toutes choses, nettoyez les fentes des têtes de vis, pour que les tournevis puissent s'y engager bien à fond et faire corps avec. Ne jamais prendre un tournevis quelconque, mais en prendre un dont les dimensions correspondent à la fente (épaisseur et largeur). Et si les lèvres de cette vis sont abîmées, ne pas hésiter à les reformer, avant le dévissage. L'arme étant, je le rappelle, maintenue fermement dans un étau dont les mâchoires sont habillées de mordaches quelconques (voir plus avant). 
 
            Essayez de dévisser à la main, en premier lieu, en utilisant un peu de "dégrippant" et en martelant doucement le fond de la vis avec un autre (et vieux) tournevis court, afin d'ébranler le serrage des filets et décoller la rouille. Si la vis ne vient pas, utilisez un tournevis monté sur vilebrequin, qui lui développera un couple bien plus grand. 
 
            Vous pouvez également utiliser un tournevis à chocs, mais très doucement, avec des doigts de fée. Mais, fabriquez-vous plutôt un petit arc électrique pour décoller tout cela, c'est plus doux et facile à la fois. Comment faire ? C'est toujours très simple, mais si, mais si, voyons !
            Prenez un vieux transformateur 220/10 ou 12 volts (ce n'est pas rare d'en voir traîner dans les greniers). Donc après en avoir capturé un, montez lui deux fils aux sorties, aussi gros que possible (maximum d'ampérage) et reliez-les à des électrodes maison (de simples charbons pris sur de vieilles piles). Tenir ces "électrodes" avec des petits manches en bois (parce que cela brûle les doigts) et appliquez un électrode à chaque extrémité de la vis. Une fois cette dernière portée au rouge cerise, elle doit venir. Il est, en général, assez rare qu'une vis résiste à ce traitement de choc. Certes, vous pouvez aussi chauffer cette vis avec un chalumeau à bec très fin, mais gare aux dérapages, le bois d'arbre brûle très bien, hélas. Blagues à part, on comprend assez facilement, dans ce dernier cas, que le travail est bien plus délicat. Et, en cas d'insuccès, il ne vous restera plus qu'à percer cette sacrée vis, avec un forêt très légèrement inférieur au corps de ladite vis, surtout pas, bien entendu à la tête de vis, mais au corps. Il va s'en dire qu'une fois la vis percée, il vous faudra en confectionner une autre. Et vu les diamètres fantaisistes de l'époque (comme les pas d'ailleurs), je vous souhaite bien du plaisir et bon courage. 
 
            Pour les vis à bois, n'utilisez surtout pas de produits dégrippants, surtout si la présence d'une fente laisse supposer un ancien collage (ou pas de collage du tout), car une fois gras, ce bois ne collera plus. Donc là aussi, la meilleure méthode est de chauffer la vis. Mais dans ce cas, vous la chaufferez en positionnant, dessus, une courte tige de fer rougie au feu. La chaleur de cette tige étant transmise à la vis, la fera se dilater et décollera la rouille. 
 
            Par contre, j'allais oublier de signaler, qu'en cas de perçage de la vis, pensez si possible à la percer sur le coté du filetage. Ceci juste pour tenter de sauver la tête qui peut être décorée, sinon vous pouvez encore y pratiquer un trou, juste pour y engager le bout d'une pointe carrée, et en chauffant cette pointe carrée, on peut parfois, dévisser. Vous voyez, ce travail est délicat, mais accessible à tous.
            LES GOUPILLES : En premier lieu, regardez bien la dite goupille, car il arrive souvent que cette dernière soit conique. Il vous faudra donc la chasser avec un chasse-goupille en bronze ou en laiton (en métal plus mou que la goupille elle même) mais en l'attaquant par le bout du plus petit diamètre. Nous lui appliquerons donc, un coup de marteau sec, en prenant soin que le chasse-goupille ne chasse pas lui même. Sinon gare au bois. L'arme sera appuyée sur un tas en plomb, ou encore mieux, sur un sac de sable. Le chasse-goupille devra être de diamètre le plus proche possible à celui de la goupille à chasser. Mais vous pouvez également utiliser la chaleur pour décoller le fer du bois. Dans ce cas, attention à ne pas brûler ce bois (mettre des électrodes plus petites, par exemple). 
 
            BAGUES, CLAVETTES ET TENONS : Là aussi, vous devez bien repérer le sens de sortie. Tapotez sur la pièce à chasser en utilisant toujours le jet en cuivre, bronze ou laiton déjà décrit ci-dessus. Par contre, deux éléments sont toujours quasi impossibles à démonter lorsque ceux-ci sont oxydés, il s'agit des culasses et des cheminées. 
 
              Pour les culasses, une seule solution, chauffer et forcer avec une clef adaptée. 
 
             Pour les cheminées, du fait que les gaz de combustion pénètrent dans les filets, l'encrassement est coton. Vous devrez donc avoir un maximum de démonte-cheminées, pour pouvoir trouver celui qui correspondrait le mieux à votre cas présent. Eh oui ! Vous devrez même en fabriquer vous même. Et si vous n'avez pas de tour (comme 95 % d'entre nous) vous vous retournerez vers de vieilles clefs de pendules, comtoises etc... Et une fois le carré femelle des clefs renforcé, cémenté et soudé électriquement, sur un fer carré quelconque, emmanché sur... un manche, vous pourrez passer aux choses sérieuses. Et là encore, la "chauffe" vous sera toujours très utile. 
 
             Par contre, pour démonter les ressorts, simples ou en "V", il vous faudra pas mal de précautions, surtout pour ne pas casser une des branches ou l'ergot le maintenant en place. Là, vous devrez acheter un démonte ressort, c'est la seule solution. Mais si, mais si,on en trouve encore. 
 
             Difficilement je vous l'accorde, mais on en trouve. Achetez tous ceux que vous voyez passer, cela vous servira et ainsi vous pourrez dépanner vos amis, qui eux aussi en recherchent. N'utilisez jamais de pinces plates pour démonter ces ressorts, car 9 fois sur 10, ou le ressort s'envolera pour une destination inconnue dans la pièce (le moindre mal) ou il vous lâchera sournoisement (cassera) et là, pour en trouver un qui corresponde exactement, et d'époque, bon courage. 
          Ainsi votre arme correctement démontée, vous pouvez passer aux choses encore plus sérieuses, c'est à dire la rénovation proprement dite. Et ce n'est pas triste, croyez-moi. 
 
           Car vous ne trouverez plus, hélas, et de moins en moins, des armes en bon état. Dans le meilleur des cas, des pièces seront manquantes, mais comptez aussi sur des armes "bidouillées", bricolées par des personnes qui n'y connaissent rien et qui ne voient en ces armes, que des objets de décoration. C'est donc à vous, mes frères Arquebusiers et Amateurs de belles choses, que revient le devoir de restaurer, de sauvegarder ces pièces qui font notre joie de vivre.
            C'est tout pour cette introduction ! Pour le reste vous avez 3 solutions : 
 
• Venir vous inscrire chez nous et suivre les cours. 
• Tenter de vous procurer un exemplaire du Livre "Arquebuserie Pratique" édité par les éditions du Portail, classé durant 3 ans comme meilleure vente à la FNAC et encore classé, à ce jour (alors qu'il est presque épuisé) 3 ème meilleure vente. 
• Attendre qu'il soit rééditer chez un autre éditeur dés qu'il sera entièrement épuisé (mais il aura doublé de volume, car j'aurai replacé toutes les photos originales, remis en forme la présentation également originale et replacé tous les sujets jugés "trop techniques" et de nouvelles combines de rénovation). Déjà presque 5.000 exemplaires sont en attente. NOTA : Ce livre était destiné à assurer des cours et séminaires dans différents clubs de tir de la Confédération Arquebusière, mais dans l'état ou il a été publié, pas question. Peu me faut la "mode éditorial" ou la "patte de l'éditeur", il faut qu'un livre soit le reflet de l'auteur, aussi bien dans sa tête que dans son style. Ce qui évite d'ailleurs de "truffer" les rares exemplaires dédicacés de notes diverses. 
• C'est peut être du sadisme, mais il faut assurer ! 
 
           Et entre nous, vous viendrait-il à l'idée de prendre le volant sans savoir conduire ? Non n'est-ce pas ! Alors pourquoi tenter de tirer avec une arme quelconque si vous ne savez pas comment elle fonctionne. Donc comment la réparer ou même simplement la remettre en état.